La tendance baissière des taux de crédit immobilier s’accélère en ce début d’année 2025, offrant une bouffée d’oxygène aux candidats à l’acquisition. Un phénomène renforcé par l’allongement significatif des durées d’emprunt, qui viennent d’atteindre un niveau sans précédent selon les dernières données sectorielles.
Des signaux positifs confirmés par la Banque de France
« Il y a beaucoup de signes positifs aujourd’hui », a affirmé récemment François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France. Cette embellie se traduit concrètement dans les chiffres : en janvier, le taux moyen des nouveaux prêts immobiliers s’est stabilisé à 3,32%, un niveau nettement inférieur à celui observé il y a un an.
Parallèlement, le volume des nouveaux crédits immobiliers (hors renégociations) a atteint 9,9 milliards d’euros, marquant une nette amélioration par rapport aux creux historiques enregistrés en 2023. La production annuelle de crédit à l’habitat avait chuté à 119 milliards d’euros en 2024, en baisse de 14% sur un an, loin des plus de 200 milliards accordés annuellement en 2021 et 2022.
La BCE accentue la dynamique
L’annonce faite en fin de semaine dernière par Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), renforce cette tendance favorable. La BCE a en effet décidé d’abaisser ses trois taux directeurs de 25 points de base, ramenant notamment le taux des opérations principales de refinancement à 2,65%.
Cette décision permet aux établissements bancaires d’emprunter à moindre coût, ce qui se répercute mécaniquement sur les conditions proposées aux particuliers. « Les conditions de la BCE déterminent ce que les banques peuvent faire sans entamer leur rentabilité », rappellent les analystes du secteur.
Des taux en baisse mais variables selon les établissements
Le baromètre national d’Empruntis montre que les moyennes actuelles pour un crédit immobilier s’établissent à 3,05% sur 7 ans, 3,10% sur 10 ans, 3,30% sur 15 ans, 3,35% sur 20 ans et 3,45% sur 25 ans.
Mais ces moyennes masquent d’importantes disparités entre établissements. « La banque SG est particulièrement agressive, avec une offre à 2,99%, contre 3,60% pour l’établissement le moins compétitif sur vingt ans », indique Agnès Lambert, journaliste spécialisée. Une situation qui incite les concurrents à réagir pour ne pas voir les dossiers leur échapper.
Les marges de négociation s’élargissent également, comme le confirme Maël Bernier, porte-parole de Meilleurtaux : « Certaines banques s’alignent, si bien qu’il est souvent possible d’obtenir 0,20 point en dessous du barème affiché. »
Durée des prêts : un record absolu
L’élément le plus marquant de cette évolution concerne la durée des emprunts. Selon l’Observatoire Crédit Logement CSA, la durée moyenne des prêts immobiliers accordés a atteint 253 mois (21 ans et un mois) en février 2025, un niveau jamais observé auparavant.
Cette tendance à l’allongement est spectaculaire : 68,2% des crédits immobiliers octroyés en février avaient une durée supérieure à 20 ans, contre 65,7% en moyenne en 2024 et seulement 48,1% en 2019. À l’inverse, les prêts courts (15 ans et moins) ne représentent plus que 12,3% du marché, contre 20,2% en 2019.
« Les banques accompagnent ainsi la baisse des taux des crédits et facilitent l’amélioration de la solvabilité de la demande », explique l’Observatoire. Cette évolution serait notamment liée aux « décisions prises par la Banque de France depuis 2019 » concernant les règles d’octroi de crédit.
Un pouvoir d’achat immobilier renforcé
Cette combinaison de facteurs favorables améliore significativement la capacité d’emprunt des ménages. Une mensualité de 1 000 euros permet aujourd’hui d’emprunter 174 000 euros, contre 161 000 euros il y a quinze mois.
Cette amélioration des conditions de crédit intervient dans un contexte où l’accès aux différentes cartes professionnelles immobilières se démocratise également, permettant à davantage d’intermédiaires qualifiés d’accompagner les acquéreurs dans leurs démarches de financement.
L’Observatoire Crédit Logement CSA conclut que « l’indicateur de solvabilité de la demande s’établit à un niveau particulièrement élevé, en dépit de l’augmentation des prix des logements : c’est d’ailleurs le niveau le plus élevé de ces 25 dernières années. »
Reste maintenant à savoir si cette embellie saura convaincre les acheteurs potentiels de passer à l’action dans un contexte économique qui demeure incertain.